L’auteure de ce récit poignant et authentique revisite sa terre natale, la palestine, à travers ses lieux intimes expropriés : la maison maternelle du Néguev et celle de son enfance à Ghazza. Son désir de voir ses enfants grandir dans son pays d’adoption, l’Algérie, bute sur un autre exil dans les années 90 : Nantes.
L’auteure a quinze ans quand, avec sa mère et son petit frère, elle revient d’un riche pays pétrolier où travaille le père, pour visiter la maison maternelle, celle du Néguev à Beer Sheva. La maison a été violée dans son intimité. La mère qui en connaît le moindre recoin est désarmée.
L’auteure-narratrice trouve ses marques en Algérie. A l’université, elle est immergée dans les revendications estudiantines et rencontre ses compatriotes exilés. Mais elle y rencontre surtout l’amour de celui qu’elle nomme son « Trésor », son époux Ali el Kenz, intellectuel, sociologue, un amour, une union au coeur de l’intifadha et la tragédie de Sabra et Chatila de 1982. A cette tragédie originelle, s’ajoute celle de l’Algérie des années quatre vingt dix, ensanglantée, ses intellectuels « fils du pays », assassinés ou contraints à la «valise». C’est d’abord la Tunisie puis la France, à Nantes où l’auteure apprend la mort de sa mère orpheline du Néguev. Des exils se superposent, se sédimentent, se télescopent : « Le Néguev loin derrière, Alger La Blanche n’est que brume ; Ghazza poussière. Nantes est clean : de l’ennui aseptisé » Mais l’appel-prière de Beer Sheva est comme une prière d’aube d’un muezzin de Jérusalem.
Dans «Ghazza, l’obession 2009», poétique, élégiaque, l’auteure psalmodie sa ville natale, personnifiée, comme en un retour au « ventre-mère », la ville martyre, la ville héroïque, la ville bombardée, la ville des siens, la ville Sphinx : « Encore Ghaza. Toujours Ghaza. Ghaza de nouveau. Elle revient comme un boomerang. Déterminée à frapper et prête à mourir. Oui, mais elle meurt et vit en même temps. Hostile et accueillante à la fois, meurtrie, sanguinolente, la chair en lambeaux. Mais elle crie comme de joie, ma Ghazza. Ma Ghazza ! ». De Nantes, l’auteure entreprend un deuxième voyage au Néguev pour honorer la mémoire maternelle. Pour transmettre l’héritage du lieu perdu à une autre génération. L’auteure narratrice n’y résiste pas. Moins par nostalgie, plus par le désir de se retremper dans l’humus de son peuple, des siens et d’initier son fils aux rigueurs des racines défaites mais toujours vivaces. Elle lui tient la main comme le fit sa mère pour elle devant la maison du Néguev à jamais disparue. Son fils découvre les siens dans un pays emmuré mais débordant d’énergie. L’auteure-narratrice ressent « une immense joie » l’envahir dans les rues de Jérusalem malgré le Mur. Pourtant, une hantise l’habite : « Ma hantise était de passer pour une étrangère. Je voulais qu’ils ( les gens) soient persuadés que j’étais d’ici depuis l’aube des temps, que j’étais l’une des leurs, que je ne m’étais jamais écartée de leur chemin, que j’avais toujours partagé leurs joies et leurs peines… Que ni mes ancêtres, ni moi-même, n’avions jamais quitté ces lieux chéris»
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