Alger offre au touriste d’ici et d’ailleurs l’image de la mer qu’il voit où qu’il soit, particulièrement en haut de « Dar Essoltane » (La citadelle d’Alger). Mieux, et tel le regard de la Joconde qui nous suit de son sourire au gré de nos pérégrinations muséales, le panorama maritime d’Alger se prolonge à mesure que l’on se laisse glisser de Bab-Edjedid et jusqu’au palais des Raïs, là où l’on se trouve.
Le « chebek » battant pavillon « 6e Forum L’ivrEscQ » a accosté ce 3 juillet 2022 sur le rivage de « R’mila » (sablette) à l’estuaire de Bab-El-Oued avec dans sa cale, le butin de « L’Algérie, Patrimoine Méditerranéen, 60 ans d’indépendance ». Objectif, élire quartier général (Q.G) de symposium dans l’ouast-eddar du palais 18 du Bastion 23 sis en ce port de l’Amirauté dit aussi « mer d’entre terre ». L’autre but est de disserter autour de la « mer au milieu des terres » ou plutôt ce berceau de moult civilisations qui est l’immensité bleue de la méditerranée. Pour une odyssée, c’en est une, puisqu’à bord du galion, il y a la cheffe de l’expédition maritime en l’occurrence la dame « riassa » (commandant) Nadia Sebkhi qui est venue buriner son nom dans le livre de bord de l’ancien siège de la capitainerie et pilotage de la « Taïfa d’El-Djazaïr » (La marine nationale). Mieux, et au gouvernail, il y avait aussi ses lieutenants, dont l’écrivaine Zoubeida Mameria en sa qualité de maîtresse d’équipage et Asia Baz qui avait mis pied à terre en sa qualité de Timonière du « Quipos » (qui signifie Mot en langue Inca) pour modérer les actes de l’équipage.
Qui se souvient de« R’milat Lâaouad » ?
Et en ce qui à trait aux curiosités de bled Sidi Abderrahmane Ethâalibi, celles-ci s’esquissent au-delà du rivage de « R‘mila » où la cavalerie municipale, en l’occurrence les baudets de la Casbah venaient y prendre un bain réparateur. D’où le nom de baptême de « R’milat Lâaouad » où les petits Ya Ouled venaient s’initier aux bienfaits de la natation. Faut dire qu’en ce temps-là, l’avoisinante plage des Bains de Padovani était fermée aux petits indigènes dont la plupart exerçait l’avilissant métier de cireur ou portefaix. À ce sujet, ayons une pieuse pensée pour l’élève de l’homme de théâtre et chansonnier Rachid Belakhdar dit Rachid Ksentini (1887-1944), en l’occurrence l’humoriste Chabane Houat dit Sid-Ali Fernandel (1923-1977) dont le nom de scène avait pignon sur la plage des bains de Padovani, l’actuelle El Kettani.
« Dans ce bassin où jouent des enfants aux yeux noirs Il y a trois continents et des siècles d’histoire » (Georges Moustaki).
C’est qu’il y avait à bord du chebek l’élite des arts et des lettres au sein de l’équipage, dont le journaliste Si Ahmed Yacine à la vigie ainsi que le guide Abderrahmane Khelifa auxquels s’ajoute Moundjia Abdeltif et le barde Abdelkrim Tazarout qui a souhaité la bienvenue aux croisiéristes à l’aide de l’hymne à la Méditerranée du regretté chanteur Giuseppe Mustacchi ou Yussef Mustacchi (1934-2013 dit Georges Moustaki.
La Casbah d’Alger, cette perle de la méditerranée
Et sitôt l’ancre jetée dans les «Sanglots de Césarée» (Editions L. de Minuit), qu’une maïda aux délicieux mets de la nostalgie a réunie ce 3 juillet de 16h à 17h les convives Leila Hamoutène et Nourreddine Louhal pour énumérer les perles de « La grande verte » qui étaient contiguës à Alger. Notamment les enseignes de nos salles de cinéma devenues pour la plupart borgnes et avec lesquelles s’éclairaient les rues d’Alger et celles de l’arrière pays. Et puisqu’on est dans la sphère du beau, on ne peut occulter à ce propos la perle d’El Djazaïr et son diadème de la Casbah qui resplendissent à l’orée du seuil de la « bab b’har » (porte de la marine) sis à l’avenue des « Mouahidoun » (Almoravides) et Djamâa Lekbir (La grande mosquée) œuvre d’Ibn-Tachfine et « Djamâa El Houatine » (La mosquée de la pêcherie). À cet égard, c’est à la Casbadjia à qui l’on doit ce génie de trait de beauté si rutilant sous l’astre lorsqu’il est au zénith. Autrement dit, l’attrait de la séculaire médina est féminin du fait qu’elle est chaulée par les casbadjiates de la « s’qifa » (seuil) de l’ouast-eddar et jusqu’au menzah du stah (terrasse).
« La casbah d’Alger n’est ni un espace ordinaire ni un quartier comme les autres » (Momo)
Seulement, la vieille cité n’est plus aussi séduisante qu’elle ne l’était dans cette « Casbah lumière » de Himoud Brahimi dit « Momo » (1918-1997). Notamment lorsqu’elle rayonnait dans le film « Tahia ya didou!» (Alger l’insolite 1971) de Mohamed Amokrane Zinet dit « Mohamed Zinet » (1932-1995). Bien que flétrie et en péril, cette cité n’a de cesse de (re)vivre une autre vie dans l’imaginaire collectif des petites gens et reste aussi la muse même de l’âme artistique de la ville d’Alger. D’abord, eu égard à son potentiel mémoriel, mais aussi à sa terre fertilisante où est ensemencée le totem de notre identité Algero-berbère, La Casbah reste tout de même ce symbole qui reflète ou qui illustre au mieux l’éloquence d’une médina où il y a beaucoup à puiser de sa dimension mémorielle. Du fait qu’elle reste ce témoin d’une époque de sinistre mémoire, où était ghettoïsé l’algérien colonisé et indigent.
La méditerranée est dans notre assiette et notre façon de se vêtir
Qu’il soit d’« El Bahdja » (La joyeuse), « El-Bahia » (La radieuse) ou de la « Coquette » (Annaba), l’algérien s’est de tout temps vêtu aux couleurs de la méditerranée, par le fait du costume bleu de chine anticher ou Shanghai, du tee-shirt la marinière et du béret basque. Et en ce qui a trait aux saveurs de la méditerranée, celles-ci se dégustent dans la saveur de la sardine chez nos « tebakhine » (petits restaurateurs) d’Alger et de notre littoral. En conclusion, la mer et le soleil accueillent le visiteur à chaque virage d’Alger, qu’il disait Albert Camus (1913-1960) et c’est aussi l’espace de loisirs mais aussi du large qui s’ouvre sur l’évasion.
Casbah vue sur mer
Alors et dans cette optique, l’habitant de La Casbah jouit d’un incommensurable bonheur, celui d’avoir la mer à portée de main et à vue d’œil. En effet, qu’elle habite un « beit » (pièce) dans l’ouast-eddar ou une « ghorfa » (chambre) dans le « foqani », la journée de la Casbadjia s’ouvre sur l’incomparable vue sur mer. Mieux nul ne peux spolier la famille Casbadji de sa part d’une vue sur mer, étant donné que la séculaire médina est bâtie en gradins, d’où l’avantage que la famille Casbadji s’irise l’œil de la mer. Il est vrai qu’en ce lieu bleuté, « Il y a un bel été qui ne craint pas l’automne En Méditerranée ». D’où qu’il est convenu d’admettre que le forum que l’on doit au panache des Sebkhi mère et fille Solenne a ressuscité la vie créative après une si longue période de précarité culturelle.
Louhal Nourreddine
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