Très cher Hamid, Te souviens-tu ? C’est à Miloud Yabrir, jeune talent littéraire de Djelfa et ami, prix littéraire pour son premier roman Janoub el Milh chez Barzakh, que nous devons de nous être rencontrés.
Il m’avait suggéré de t’inviter à donner une conférence sur l’oeuvre de Sénac aux Glycines.Je tardai – il n’aurait pas fallu,…et reportai comme à l’habitude. Insistant, Miloud eut raison de mes velléités. Je t’invitai le 9 mai 2013, année du 40ème anniversaire de la mort de Sénac. Pour préparer ta venue, je me plongeai dans les textes de Sénac. Première véritable expérience poétique de mon existence, je l’avoue, pour le mélomane que je suis. Ta postface aux OEuvres poétiques publiées chez Actes Sud, « Erotique, poétique, politique »me séduisit d’emblée.
La fascination pour le « poète de l’amour »,le « chrétien à l’âme charnelle », l’esthète de la citoyenneté, le fils adoptif de la révolution algérienne, chantre de l’amour révolutionnaire et libertin disgracié, la fascination gagne…, infectieuse. Sa mort fut pour toi un choc d’une violence inouïe.
Bannissement,châtiment, tu ne cesseras de vouloir réparer l’offense. Tu revendiques haut et fort d’être de cette génération de poètes de « graphie » française dont Jean Sénac, « enfant naturel qu’il était, est le père géniteur » selon tes mots. Je te dois cette première rencontre initiatique avec la poésie. Merci, très cher ami.
Aux Glycines, je découvre que tu es chez toi. Même si les ors du Centre d’études ont pâli depuis le temps
où tu le fréquentais, il y a quarante ans, tu y déambules, familier des lieux. Les Déjeux, Lanfry, Reesink,
Fisset, Moussalli ont déjà rejoint le panthéon des savants-religieux, linguistes, apprentis anthropologues, berbérisants, arabisants, critiques littéraires. Déjeux, mais bien sûr ! Si de Sénac poète tu fus le fils adoptif, de l’autre Jean, tu fus l’ami et le disciple.
Au dîner qui suivit ton exposé, tu me confiais comme à un intime, ton souhait d’honorer d’une manière ou d’une autre la mémoire de Déjeux dont on s’apprêtait à fêter le 20 anniversaire de mort, le 17 octobre
1993. 1953, 1973, 1993, hasard des nombres.
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