Quelle analogie que cette éloge funèbre quand on songe au décès-destin d’Assia Djebar (Cherchell, 30 juin 1936-Paris, 6 février 2015)! Appropriée sans prétentions par la presse algérienne, toutes langues et tendances confondues, son esprit est devenu réalité dans le paysage littéraire et universitaire du pays. Depuis la disparition de l’écrivaine, de nombreuses réunions et rencontres académiques cultivant sa mémoire ont été organisées en Algérie. Des éditions spéciales de prestigieuses publications sont en cours. Un prix littéraire portant son nom est annoncé. Nous ne pouvons qu’accueillir avec accoutumance l’apparition de cette nouvelle obligation de mémoire car, vivants ou morts, on ne parle(ra) jamais assez de nos auteurs, particulièrement de ceux n’ayant pas démérité à l’instar d’Assia Djebar, un exemple devenu emblématique. L’ivrEscQ a été l’unique magazine à avoir consacré deux fois sa «Une» à l’écrivaine, de son vivant. Décédée aujourd’hui, nous retenons un mini dossier présentant quelques facettes éclairantes de son œuvre protéiforme dont on se doit de s’approcher avec respect, quelque soit les règles affectant notre goût. Que perdure aussi le souvenir du poète et poéticien Malek Alloula (Oran, 13 novembre 1937-Berlin, 17 février 2015)! S’il fut aussi le second mari d’Assia Djebar, son œuvre reconnue s’inscrit dans une indépendance où la beauté du langage est conçue comme représentation d’un sujet refusant toute politique politicienne mais non pas une idéologie du vécu. Denise Brahimi revient sur son écriture exigeante tout en restant lisible pour qui veut bien la choisir en dehors de tout apriori ou préjugé ou narcissisme, trois droits subjectifs. La liberté de valider du lecteur ne sortira que plus garante. Enfin L’ivrEscQ publie quelques actes du colloque «De la critique littéraire journalistique à la critique universitaire» que sa direction a initié les 4-5 février 2015 à la Bibliothèque nationale d’Algérie à Alger. Que garder de ces diagnostics sinon que nous entendons ouvrir un débat sur le simple point de départ de notre question argumentaire : qu’est la critique littéraire en Algérie d’aujourd’hui dont nous aurions perdu l’évidence des statuts, des fonctions et des enjeux ? À L’ivrEscQ, tout en n’éclipsant pas la littérature-monde (ici la Sud-africaine de langue anglaise Margie Orford), nous continuons à prôner et promouvoir une politique de reconnaissance de nos auteurs en respectant la singularité, la conviction et l’univers de tout un chacun (ici l’Algérien d’expression française et anglaise Mohamed Magani). Puisse ce militantisme culturel ne jamais se démentir et bénéficier du soutien tacite de nos lecteurs !
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