Lise Chasteloux

Lise Chasteloux

L’ivrEscQ : Vous venez de vous lancer dans l’aventure d’un premier roman « Un destin Russe » paru aux éditions Gallimard, le lieu est la France mais aussi la Russie, nous sommes en 1917. Pourquoi remonter à cette date? Est-ce un travail de romancière qui convoque l’histoire ?

L. C. : Avec Un destin russe, j’ai voulu avant tout raconter une histoire qui se trouve être librement inspirée de la vie de mon arrière-grand père russe. Je ne disposais que de très peu d’éléments sur sa vie. Je savais qu’il avait fait des études de médecine, qu’il avait été blessé sur le front de Prusse Orientale en 1914, qu’il s’était ensuite engagé dans le corps expéditionnaire russe en 1916 et que les aléas de l’Histoire l’ont conduit à devenir paysan dans l’Est de la France. Il m’a donc fallu retrouver sa trace tout en respectant une chronologie et des événements clef, ce qui n’avait rien d’inné.

J’ai découvert le drame de la mutinerie de La Courtine en 1917, où dans les rangs russes, la guerre entre blancs et rouges a éclatée sur sol français, et ce, quelques mois avant la Révolution d’Octobre. J’ai également veillé à m’émanciper de la légende dorée familiale pour créer des personnages forts et d’une certaine façon, me mettre à la place d’un jeune homme ou d’une jeune femme (en l’occurrence ici Alexeï et Marie) dont l’avenir semblait être tout tracé mais que la guerre et la révolution ont fait basculé. Il m’a semblé que le destin de ces hommes et de ces femmes n’avait rien d’évident et que c’était non seulement un prétexte narratif formidable, mais aussi une façon d’essayer de comprendre et d’explorer la nature humaine : face des choix impossibles, sommes-nous toujours décisionnaires ? Comment rester fidèle à ses convictions ? Et à quel prix ? Les personnages de ce roman y répondent chacun à leurs manières, avec leurs qualités et leurs défauts. En bref, un roman historique d’inspiration familiale, oui. Mais avant tout un roman : une/des histoire(s).