Dans ma vie, j’ai eu la chance de rencontrer deux encyclopédies vivantes : Ahmed Taleb el Ibrahimi et Hamid Nacer-Khodja. Taleb el Ibrahimi peut conférer pendant des heures sur les savants qui ont fait la civilisation musulmane. Il peut citer leur nom, leur prénom, le lieu et la date de leur naissance, les livres qu’ils ont écrits, les idées nouvelles qu’ils ont apportées à la pensée universelle, le lieu et la date exacte de leur mort… J’aurais aimé que cette grande personnalité nationale qui présidait la Cour des comptes, au moment où elle nous enseignait la civilisation musulmane à l’ENA, nous apprenne comment contrôler la gestion des institutions de l’Etat. Cette mission si importante et si négligée pourtant. Mais avec le temps, j’ai appris que ce qu’il m’avait appris méritait d’être appris.
Hamid Nacer-Khodja avait cette même capacité à conférer, des heures durant et sans recours à des notes, sur la littérature comparée qui était sa spécialité. En plus des connaissances que l’on peut trouver dans une encyclopédie classique, Hamid détenait toujours l’information rare qui vous laisse bouche bée, le document inédit que presque personne ne connaît… Hamid s’exprimait toujours avec une parfaite exactitude. Son savoir, partout reconnu, faisait que sa caution intellectuelle était recherchée par des universitaires algériens et étrangers de haut niveau. Et, dans de nombreux cas, elle s’avérait déterminante. Les connaissances de Hamid ne se limitaient pas à la littérature. C’était un érudit complet et un véritable universaliste. Quand je qualifiais, en 1992 dans mon livre, Rien qu’une empreinte digitale, Hamid Nacer-Khodja de «maître des procédures qui récite les articles d’une loi complexe comme il réciterait les pages d’un roman qu’il a aimé» (extrait lu à la télévision par Karim Amiti dans l’hommage que lui rendait Canal Algérie).
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